Les plus modestes écartés du crédit immobilier: la preuve en 4 chiffres
Malgré les taux jours bas, le nombre de prêts accordés a fortement chuté depuis le début de l’année. Et ce sont les plus modestes qui en ont le plus pâti.
Les taux de crédit immobilier restent très bas et pourtant le marché est toujours à la peine. Depuis le début de l’année, le nombre de prêts accordés a chuté de près de 20%, tous marchés confondus, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Le blocage ne vient pas des emprunteurs toujours enclins à demander un prêt mais des banques, plus sélectives.
Et ce sont les ménages plus modestes qui en ont pâti le plus. À tel point que l’on parle déjà d’un marché du crédit à deux vitesses. «Dès novembre 2019, la hausse des prix des logements puis la mise en œuvre des recommandations du Haut conseil de stabilité financière (HCSF) ont pesé sur le dynamisme du marché», explique l’observatoire.
Confirmation en chiffres: le nombre de prêts accordés aux emprunteurs gagnant moins de 3 smic, s’est effondré de 25% sur les neuf premiers de l’année, en glissement annuel, selon l’Observatoire Crédit Logement. À l’inverse, les 5 smic et plus ont limité la casse, avec un recul du nombre d’opérations financées de seulement 10%. Preuve, au passage, que même cette catégorie, pourtant aisée, a également été impactée par les restrictions imposées par le HCSF.
Autre statistique qui est liée à la première: les ménages modestes pèsent moins que les plus aisés parmi les emprunteurs immobiliers. La part des 3 smic et moins est passée, en un an, de 39% à environ 36%. «La mise en œuvre des recommandations du HCSF a écarté du marché les emprunteurs les moins bien dotés en apport personnel», décrypte l’observatoire. À l’inverse, celle des plus aisés (5 smic et plus) a fortement grimpé sur la même période: d’un peu plus de 25% en 2019 à près de 29% en 2020. Mais cela ne veut pas pour autant dire qu’il y a plus d’emprunteurs aisés. Et donc, malgré la proportion plus élevée des 5 smic et plus, la production de crédits a fortement chuté depuis le début de l’année, sur un an ( -17,9%), laissant augurer un marché en crise.
Source: Figaro Immobilier, 16 octobre 2020